BasqueS au pluriel car il n'existe pas une seule façon de l'être. En effet, sur les trois millions d'habitants que comptent les sept provinces, chacun a peut être sa propre définition. Les descendants de la diaspora, dispersés dans toute la planète, ont sûrement les leurs également...
Le fait basque, ou la basquitude, ne se vit pas de la même manière selon les provinces ou les époques.
Le ressenti d'un retraité installé récemment à Anglet est bien différent de celui d'un jeune actif bascophone et bascophile
dont la famille vit depuis des générations autour des vignes à Baigorri ou dans la montagne souletine. Il en est de même pour les familles galiciennes installés depuis les années 60 dans les grandes
villes industrielles près de Bilbao ou Saint Sébastien, les habitants du vignoble de Rioja Alavesa, les personnes vivant dans les villages navarrais près des Pyrénées ou à côté du désert des
Bardenas, ainsi que les pêcheurs de Lekeitio et de Getaria sur la côte...
Tous sont bien différents: quelques uns se revendiquent uniquement basques, d'autres sont surtout basques-français ou basques
espagnols, tout simplement français ou espagnols...alors que d'autres se sentent uniquement navarrais. Une seule chose est sûre: tous sont des habitants du Pays Basque et tous contribuent à sa
vitalité. Une diversité enrichissante et en mouvement constant...
Dans certaines des 158 communes du Pays basque nord, la présence de la langue basque est limitée. Dans d'autres comme à Sare, pratiquement 100% sont scolarisés en basque, à l'ikastola (école immersive) et dans les deux écoles publique et privée bilingue avec des classes en immersion. Le cas d'Ascarat est également à souligner. La seule école du village est une ikastola qui a ouvert dans le bâtiment de l'école publique qui elle même avait fermé ses portes 25 ans auparavant. Dans cette partie du Pays basque, des ikastola ouvrent à l'endroit même où l'école de la république avait fermé ses portes...
En euskara (langue basque), deux concepts cohabitent: euskal herritarra, (habitant du pays basque) et euskalduna, littéralement
celui qui possède la langue basque. Est donc basque celui qui veut.
Alors que certains se limitent à perpétuer des traditions ancestrales, d'autres préfèrent innover tout en s'appuyant sur une
culture millénaire. Aussi, des personnes vivant au Pays Basque depuis des décennies tournent le dos à sa langue et à sa culture et vivent pratiquement comme s'ils se trouvaient à Séville ou à
Dunkerque.
Par conséquent, un entrepreneur landais ou américain qui décide d'investir et de créer de l'emploi autour de Bayonne, ou bien
des journalistes parisiens, lyonnais ou tahitiens curieux de découvrir la région et qui amènent un nouveau regard ne sont ils pas bien plus appréciables? La question est posée...
C'est entre tous que chaque jour nous pouvons et devons essayer de réinventer et construire cet attachant et mystérieux Euskal
Herria, le pays de la langue basque