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Avec Amadèu Baris et Guy Mondorge, secrétaire perpétuel et président de l'Académie Gasconne de Bayonne et du Bas Adour, le 28 avril 2017 à Anglet lors de mon discours pour rejoindre les rangs de l'institution:

 

 

Adishatz a tots,

Je suis Franck Dolosor, journaliste à la télévision basque:

jornalista et basco...?

 

Avec un brin d'humour, dont nous avons tant besoin, j'ai l'habitude de dire que cela fait peut être un peu beaucoup pour une seule personne.

 

Il s'agit bien évidemment d'une plaisanterie puisque je suis très fier d´être journaliste et basque.

 

Fier et honoré aussi d'avoir été invité à rejoindre les rangs de l'Academia Gascona de Baiona e Baish Ador, une institution qui a une grande importance pour moi. Jamais je n'avais imaginé faire parti de cette famille.

 

Aujourd'hui j'ai donc une pensée émue pour toutes ces femmes et hommes qui depuis 1926 se réunissent autour d'une même idée: redonner ses lettres de noblesse à la langue gasconne des deux côtés de l'Adour.

Une pensée toute particulière pour Marguerite Dicharry, une des premières personnes avec qui j'ai réalisé mes premiers reportages sur les gascons de Bayonne et du Bas Adour il y a déjà plusieurs années.

 

Je remercie bien évidemment le président Guy Mondorge de m'avoir montré sa confiance et je salue très affectueusement mon parrain aujourd'hui: mon maître, l'amic Amadèu Baris. Gran mercès a tu pour tout le travail accompli pendant toutes ces années.

Chaque discipline a toujours besoin d'avoir une référence, un modèle et pour nous tous, il est bien clair qu'ici ce guide s'appèle Amadèu.

 

Alors la question du jour est bien évidemment de savoir que fait un journaliste basque de 40 ans à l'Academia Gascona

 

Pour moi le gascon, c'est tout d'abord plusieurs souvenirs et anecdotes:

 

Tout d'abord, je viens de Saint Pée, Senpere en basque, Senpere comme on dit chez nous à la maison, dans la famille, entre amis; et curieusement en français le nom de la commune est Saint Pée sur Nivelle, Pée, en gascon, pas Pierre en français...mon village n'a donc pas de nom en français, petit détail mais dans la vie il faut être attentif.

 

Pendant ma jeunesse j'ai passé une partie de mes vacances chez mes cousins ici à Anglet, au quartier Aritxague, Aritxague en basque...

mais à l'allée Bordenave...

Bordenave, un nom qui n'est ni basque ni français...

Voilà donc que dans notre région tout ce qui n'est pas du français

n'est pas forcément basque!

 

J'ai appris depuis que des centaines de lieux portent des noms gascons depuis le port des pêcheurs de Biarritz jusqu'à Came, Labastide,

en passant par Bayonne et forcément Anglet.

Toujours être attentif et à l'écoute.

 

Parler de la langue gasconne c'est aussi se souvenir des chroniques de Henri Lasséougue chaque matin sur Radio Bayonne. Le gascon, cette langue que ne je connaissais pas à l'époque mais que je devinne déjà...

avec ce salut si sympathique, Qu'ei Enric de Nosta, Adishatz,

C'est Henri de chez nous au revoir!

 

Adishatz un mot qui fait parti de mon vocabulaire bien avant l'arrivée de la marque du même nom. Adishatz, un mot que j'utilise fréquemment pour saluer ma soeur avec qui pourtant je parle en basque, mais à la fin de la conversation c'est toujours adishatz en souvenirs de ces billets radiophoniques de Henri Lasséougue.

 

Et puis un autre clin d'oeil à un autre Henri, un de nos cousins landais avec qui nous parlions forcément en français, la langue commune entre gascons et basques. Mais Henri ne parlait pas tout à fait le même français que nous autres car sa langue maternelle n'était pas bien loin.

Dans la vie il faut être attentif...

 

Notre landais disait: c'est quand même plus sympathique de dire

"E adishatz, quin va lo mèste? Que pòt anar, tot docement"...

Plus sympathique? Facile à comprendre quand vos parents

et grands parents sont bascophones.

Il y a là beaucoup de subtilité, d'affection, de dignité, quelque chose d'intime mais à la fois d'ouvert sur le monde...

 

Car pour moi dire adishatz veut dire ongi etorri, plavenguts.

Utiliser une autre langue que le français n'est pas vouloir créer une nouvelle barrière, c'est plutôt une invitation à entrer dans un univers

avec ses messages universels comme celui présenté dans la chanson "Los de qui cau" du groupe Nadau.

 

 

Parmi les nombreux souvenirs de mon enfance, il y aussi cette phrase mystérieuse: "Que soi era Imaculada Concepcion". Nous voici donc

à Lourdes avec cette mystérieuse apparition devant moi.

Une phrase qui n'est ni basque, ni français, ni espagnol...

mais qui y ressemble...peut être du latin? Non, il s'agit bien du gascon.

Cette langue gasconne qui relie le Val d'Aran, Bordeaux

et la Pointe du Médoc en passant par Bayonne et Anglet!

 

Avec ces souvenirs en tête, voilà dejà plusieurs années que j'essaie d'approfondir mes connaissances sur la langue occitane, la cinquième pour moi après le basque, le français, l'espagnol et l'anglais.

 

Ce merveilleux gascon qui tout d'un coup vous illumine et vous aide à comprendre toute la toponymie des Pyrenées

et du sud de la France en général.

Une langue qui sert aussi de passerelle pour aller jusqu'en Italie,

en Catalogne, ou en Galice; pour aller aussi vers l'espagnol

ou le portugais qui vous entraîne lui même jusqu'au Brésil!

 

Les langues régionales ne devraient pas favoriser le repli sur soi

osent encore dénoncer certains. Ils feraient peut être mieux d'être attentifs eux aussi...et souvent, de commencer à mieux maîtriser le français d'ailleurs...

 

Non, nous ne serons pas les fossoyeurs de la langue gasconne.

Je ne serais pas non plus son défenseur, non. Plutôt que de me limiter

à la défendre, je préfère en fait la vivre tout naturellement,

comme je le fais déjà également avec la langue basque.

Mieux que de grandes revendications, je préfère une utilisation réelle

et des actions efficaces.

L'apprendre, l'utiliser, la partager et jouer avec elle, aller vers des locuteurs qui deviendront peut être des amis...voilà mes priorités.

 

Honoré d'avoir été invité à rejoindre l'Academia je veux aujourd'hui prendre ici deux engagements:

-premièrement celui de continuer à apprendre la langue gasconne.

-et deuxièmement celui de continuer à assurer sa promotion

dans la vie publique: sur les médias et les réseaux sociaux.

 

 

Car dans la vie il faut être attentif et honnête aussi, et ici, l'honnêteté passe par la reconnaissance du fait gascon et le respect que nous devons à ses locuteurs ou leurs descendants qui parfois s'ignorent d'ailleurs.

 

Il semble peut être difficile d'avoir à nouveau des locuteurs complets sur Bayonne et Anglet comme il y a quelques années, mais l'exemple de la renaissance de la langue basque, encore en situation très délicate, nous montre que tout est possible si des moyens sont mis en place.

Aussi, à défaut d'avoir des locuteurs complets, nous pouvons tout de même faire en sorte que les habitants, et élus, de ce territoire connaissent enfin eux aussi toutes ses subtilités et cette richesse que constitue la langue gasconne.

 

Dans une France, une Europe et un monde qui doutent de plus en plus, nous n'avons pas de baguette magique pour résoudre tous les problèmes mais avec nos racines et nos valeurs nous avons une partie de la solution pour construire ensemble un avenir meilleur.

 

Être est bien mieux qu'avoir.

Plutôt que d'avoir, je préfère, nous préférons être curieux, respectueux, honnêtes et attentifs.

 

Longue vie à l'Academia Gascona de Baiona.

 

Milesker deneri, Gran mercès a tots!

    Lagun onekin orenak labur !